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Chroniques d'un Jeune Ambassadeur de l'Unicef
24 avril 2009

Les ateliers « Jeunesses en Région » : une leçon particulièrement efficace…

siteon0Samedi 9 décembre 2008, j’ai été confronté pour la première fois à une mission sur le terrain. Cela ne signifie pas que j’ai commencé dès ce samedi à m’investir dans mon rôle, soyons bien clair ! =) Auparavant, je m’investissais surtout, avec ma marraine, les autres Jeunes Ambassadeurs et les membres du comité Unicef dans le journal que nous avons créé, mais ça, c’est une autre histoire, dont je vous ferai part un peu plus tard. J’ai l’impression depuis le départ de ne parler que de moi (je pense que ça n’est pas qu’une impression…), mais je ne suis pas seul : 5 autres JA font aussi partie de l’équipe dans la région, et ont les mêmes objectifs. C’est ainsi que, pour ce samedi 9 décembre 2009, ma marraine m’a proposé, avec les autres Jeunes Ambassadeurs, de me rendre à un atelier « Jeunesses en Région ». Il faut dire que cet évènement ne me semblait pas trop important dans la mesure où il ne concernait en rien la situation précaire de certains enfants dans le monde, mais simplement ce que les jeunes faisaient dans des associations, lorsqu’ils en faisaient partie. En effet, je venais tout de même à peine de rentrer dans mon tee-shirt bleu, et je ne savais vraiment pas quoi dire, et j’avais peur, très peur de paraître ridicule. Bref, c’est un peu avec la même sensation qu’ont les petits poissons dans un très très grand aquarium que je me suis rendu à cette après-midi, à l’hôtel de région, dans la Ville Rose. Premières impressions : c’est très, très grand ! Seconde impression : par où on rentre ? ;)

Bref, la première difficulté passée, c’est-à-dire, trouver l’entrée sans se perdre, il s’agissait ensuite de prendre son badge. Oui, même quelques mois plus tard, je me souviens encore, détails après détails, de cette journée. Etrange, quand on sait que je n’ai pas une très bonne mémoire… Aucune faute à mon prénom et mon nom de famille ! Soulagé, je dépose fièrement mon badge sur mon manteau, avec « UNICEF » écrit en gros sous mon nom et prénom. Pour la petite histoire, j’ai toujours mon badge, qui n’a encore pas quitté la poche de mon manteau depuis cet après-midi… Après avoir retrouvé les autres Jeunes Ambassadeurs de mon comité, nous nous sommes retrouvés dans un grand hémicycle, où Monique IBORA, vice-présidente du Conseil Régional de Midi-Pyrénées, nous a fait un discours expliquant l’objectif de l’après-midi. Mes premières impressions : suis-je vraiment à ma place ? Oui, je commençais énormément à douter. Mon expérience de JA était presque nulle, et j’avais très peur de ne pas savoir quoi dire, si on me demandait quel engagement j’avais pris. Et pourtant, vous avez pu le comprendre, m’exprimer en public ne me pose pourtant pas trop de problèmes… Nous nous sommes ensuite divisés et répartis en ateliers thématiques.

Le premier atelier, le seul auquel j’ai pu participer, était un atelier sur la pauvreté, les discriminations… Les autres JA s’étaient répartis dans d’autres ateliers, j’étais avec une autre Jeune Ambassadrice dans celui-ci. Dans la première partie, une jeune fille nous a fait une intervention sur son association, qui aide, si mes souvenirs sont exacts (on commence un peu à voir les limites de ma mémoire… xD), d’autres jeunes qui sont dans la misère la plus totale, leurs parents ne pouvant plus les soutenir financièrement,… Cet engagement m’a beaucoup impressionné, et c’est surtout la force dans la voix de cette jeune fille qui m’a touché. Le tour des questions et des témoignages est ensuite arrivé, et un micro circulait dans la petite salle pour recueillir les impressions,…

Les gens semblaient peu bavards, et une personne a pris la parole. Je me suis senti extrêmement gêné lorsque celle-ci a déclaré qu’elle était scandalisée qu’il y ait aussi peu de réactions. Je ne m’attendais pas à ce que la tension commence à monter dans une telle réunion… Mais j’ai peut-être mal interprété ses propos, après tout. Bref, un peu vexé, je ne m’attendais tout de même pas à ce que le micro tombe entre mes mains lorsqu’elle eût fini de parler. En effet, personne d’autre n’osait prendre la parole, et j’ai eu le malheur de faire un geste interprété comme un désir de prendre la parole, qui n’était pas du tout mon intention, du moins, pour le moment. Le micro arriva entre mes mains, et là, je commençais réellement à paniquer. Qu’allais-je bien pouvoir dire ? Je me sentais si petit, par rapport à cette jeune femme, qui avait du courage, et ces gens, qui me regardaient ! (oui, car, au passage, le nom de l’activité était « Jeunesses en Région », et donc, destiné aux adolescents, or, la moyenne d’âge des personnes présentes dans la salle était d’environ 40 ans…) Je n’étais pas du tout prêt.

« B…Bonjour… Je m’appelle Pierre-Etienne… » Petit moment de réflexion. Commencer par les présentations, excellente idée ! « Je suis lycéen, et je fais partie de l’Unicef, je suis Jeune Ambassadeur. » Le sujet était lancé, maintenant, il me fallait expliquer quel engagement j’avais pris, et les conséquences. Voilà tout le problème : je n’étais encore qu’un tout nouveau en la matière, nommé depuis peu de temps, et n’ayant pas encore d’expérience pour parler… « Je consacre donc mon temps libre à la défense des droits de l’enfant, comme l’Unicef me permet de le faire. C’est vrai qu’on ne rencontre pas les mêmes difficultés que ces jeunes dont vous avez parlé, qui ont des difficultés énormes… » Je crois que j’ai commencé à rougir à ce moment là. Il est évident que je ne retranscris pas au mot près ce que j’ai dit, mais je suis sûr que j’ai dévié vers ce sujet là, en ouvrant sur la situation des jeunes dont avait parlé la jeune fille avant. Quelle peur j’ai eue ! Je voulais tellement avoir l’impression d’avoir ma place dans cet atelier que je m’étais permis ce petit écart. Bref, déconcerté par cette initiative de mon inconscient, la suite a fini en une belle bouillie, n’étant même plus capable de parler distinctement. J’avais l’énorme impression d’avoir dit quelque chose d’impoli, d’avoir franchi une limite… je me sentais tellement minable… heureusement, l’autre Jeune Ambassadrice qui était avec moi a pris le micro et a fini de parler à ma place. Tout rouge, je me sentais mal. Mais, bizarrement, tout le monde m’avait écouté et m’avait observé sans aucun mépris. La jeune fille de l’association m’avait même souri… Quelle impression ! J’avais été vaincu par cet auditoire, alors que d’habitude, je n’hésitais pas à parler en public sans gêne aucune…

Le temps m’étant imparti, j’ai dû partir quelques dizaines de minutes après. Quel bilan tirer de cette première « mission » ?

Tout d’abord, j’ai pris énormément de recul vis-à-vis de ce qui c’était passé. J’ai énormément réfléchi, je me suis demandé ce que j’aurais pu faire dans d’autres circonstances, si cette après-midi avait été une perte de temps vis-à-vis de ce qu’un Jeune Ambassadeur doit normalement faire ou pas…

Oui. J’avais été minable. Très minable. Pas parce que j’avais fait ce petit écart qui m’avait déconcerté. Non. Parce que je n’avais pas eu suffisamment confiance, suffisamment foi en ce que représentait ce premier défi. Si ma marraine m’avait proposé d’assister à cette après-midi, il était logique qu’elle savait ce qu’elle faisait. J’avais bien commencé, cet élan de fierté que j’avais avec ce badge Unicef symbolisait bien ma volonté de défendre les droits de l’enfant, mon engagement. Si je n’avais pas été suffisamment prêt, ma marraine ne m’aurait jamais proposé d’y assister.

Cette intervention que j’avais faite s’était avérée un échec parce qu’elle n’était pas suffisamment sincère. Ce qu’il m’avait manqué, je crois, c’était de la fierté. De la fierté, parce que ce que faisait cette jeune femme, certes, n’était nullement comparable à ce que j’avais, moi, commencé à faire, et peut-être, probablement, que jamais dans ma vie je n’atteindrai son courage, sa force, sa foi, mais, quoiqu’il en soit, nous avions les mêmes objectifs, les mêmes volontés : partager, donner quelque chose de soi-même pour un autre. Je crois que je ne l’ai pas suffisamment perçu. J’aurais dû mettre plus de volonté dans ma déclaration. Ce petit écart n’était pas malvenu : oui, j’ai la chance de participer à cette formidable aventure, de même que d’autres n’en ont pas la chance, et qu’il faut leur en donner l’occasion. Ce qui m’avait perdu, c’était mon manque de foi en ce projet, en cet engagement… envers toutes les valeurs pour lesquelles je m’étais engagé. Simplement parce que j’avais osé douter.

Cette première mission ne m’a pas fait murir dans le sens initialement prévu. Je n’ai nullement pu échanger sur le symbole de l’engagement avec les autres… mais avec moi-même. Je suis rentré dans cette salle d’atelier en étant persuadé que je n’étais pas encore prêt pour être JA, que je n’avais pas encore fait grand-chose. J’en suis ressorti encore un peu déconcerté. Aujourd’hui, je me rencontre. Ce que cet atelier m’a permis, c’est que j’avais fait bien plus que ce que je pensais, et que j’étais loin de ne pas être prêt. J’avais fait le premier pas vers ce long chemin, et même si je n’étais encore qu’au début d’un long périple, je n’étais pas mal en point, sans aucune force, prêt à abandonner, mais bien portant, prêt à me battre pour aller jusqu’au bout. Ce qui m’a manqué, afin de témoigner, non pas que de ce que j’avais fait, mais de ce que je souhaitais faire, c’était tout simplement la confiance. Je ne referai pas les mêmes erreurs. Grâce à cette après-midi, j’ai donc compris que ce n’est pas ce qu’on fait qui compte, mais ce qu’on symbolise, ce qu’on fait pour se battre. L’enfance a besoin d’être défendue, et j’y mettrai mes tripes s’il le faut, mais je me battrai pour que ce que nous, enfants d’un pays qui se dit développé, avons, les autres enfants du monde puisse aussi l’avoir un jour. Le combat est dur, long, mais il faut s’y mettre dès maintenant. J’ai osé douter, durant cette réunion, de ce que symbolisait cet engagement ? Erreur ! Aujourd’hui, j’en suis fier.

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